De caractère audacieux
Elle ouvrait ses grands yeux
À l'affût des chemins curieux
Menant à de nouveaux lieux.
Elle s'élançait alors à corps perdu
Aimantée vers ces sites inconnus ;
Son âme et son souffle éperdus
S'y désaltérant tout émus.
L'inconnu ne lui faisait pas peur.
Elle l'invitait même avec bonheur
Pour qu'il l'enrichisse à l'intérieur
D'horizons ouverts, colorés et rieurs.
Un jour les saltimbanques de rue,
Un autre, le sentier en pente ardue,
Une autre fois, la langue étrangère
Ou encore le musée à étagères,
L'inconnu, au fond, lui donnait vie,
Joie au cœur, pétillance et mine ravie.
Elle ignorait dans sa jeunesse,
Pour que l'innocence ne cesse,
Juste une acception du vocable
Qui d'un coup le rendait minable.
Un soir de lucidité froide elle vit
En file et en cascade, un par un
Tous ces anonymes ayant sévi ;
Des hommes sans souci aucun
Du futur des rejetons engendrés
Et donc de père inconnu déclarés.
Telle une malédiction sur les lignées
Ces mères violées ou malmenées
Créaient des enfants abandonnés,
Mal nés, légitimés, ou mort-nés
Des coucous suspendus dans le vide
Des fantômes au destin livide.
Longtemps elle a dû faire face
À des moments de pure glace,
Miroir qui enjolive et rassure,
Occultant les traces de cassure.
Inconnus le pompier, le compère,
Le bon père, le rêveur et l'adultère
Beau costume et noir mystère
Sur qui ils sont et veulent taire.
L'inconnu a fait de la peur naître
Cet hôte indésirable en elle ; Impossible d'être sans connaître,
Besoin de réponses en kyrielle.
Quête d'identité perpétuelle,
Savoir, pour de soi rester maître.
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